Traitement des
Canalolithiases

Vous souffrez de troubles de l’équilibre récents ou anciens et votre médecin, ou vous-même, pensez que ceux-ci peuvent être liés à un dysfonctionnement de l’oreille interne et plus particulièrement des cristaux déplacés.

Il faut, avant toute prise en charge thérapeutique, réaliser un diagnostic précis. C’est l’ORL ou éventuellement le neurologue qui portera le diagnostic, même si, la plupart du temps, le médecin généraliste a déjà posé ce diagnostic. Les canalolithiases représentent de très loin la plus fréquente cause de vertiges. Le traitement des canalolithiases consiste à faire ressortir les cristaux qui ont pénétrés dans un ou plusieurs canaux semi-circulaires pour les faire retourner dans leur cavité d’origine (utricule) dans laquelle ils seront piégés par des cellules qui vont les « recycler » et les réintégrer dans leur organe d’origine (macule).

Lorsque vous êtes chez l’ORL il va vous interroger sur vos antécédents médicaux et chirurgicaux, vos traitements en cours, et sur l’historique de vos vertiges. Concernant ce dernier, il est capital et va souvent permettre déjà un diagnostic probable de canalolithiases. Votre spécialiste va ensuite réaliser un examen clinique rigoureux, c’est-à-dire qu’il va examiner vos oreilles mais aussi le nez et la gorge, le système neurologique…à la recherche d’anomalies associées qui pourraient faire rechercher d’autres maladies. L’analyse des vertiges peut faire appel à de nombreux examens, notamment la vidéonystagmographie avec des épreuves caloriques (eau chaude et froide dans les oreilles et analyse du nystagmus), mais la plupart du temps la vidéonystagmoscopie (analyse du nystagmus sous caméra infrarouge) associée à des manoeuvres diagnostiques dites « provocatrices » est suffisante.
Un peu d’explication : les vertiges s’accompagnent le plus souvent d’un mouvement réflexe au niveau des yeux (indépendant de votre volonté), appelé nystagmus. Il s’agit de mouvements simultanés des 2 yeux qui se font sous forme de successions de secousses rapides vers un côté (qui va donner le sens du nystagmus, par exemple nystagmus horizontal droit lorsque les yeux vont faire une secousse rapide dans le plan horizontal vers le côté droit) suivies chaque fois par un retour lent des yeux vers l’autre côté. C’est en examinant le nystagmus que l’on va recueillir des informations permettant de connaitre l’état de fonctionnement de l’oreille interne afin de donner un diagnostic.
Les manoeuvres diagnostiques sont des manoeuvres de positionnement de la tête qui vont déclencher le vertige et le nystagmus concomitant. Celles-ci se font en général sur un divan d’examen, patient assis face au praticien, jambe pendantes, tête tournée à 45° vers le côté opposé à celui que l’on cherche à tester, puis le tronc est basculé sur le côté que l’on teste, jusqu’à ce que l’épaule et la tête touchent le divan (manœuvre de Dix et Hallpike). Le nystagmus éventuel est observé, idéalement sous masque infrarouge (les deux yeux dans l’obscurité), mais certains praticiens utilisent des lunettes de « Frenzel » ou encore observent les yeux sans moyen « amplificateur ». Le type du nystagmus (sa direction, horizontale droite ou gauche, et/ou tortionnel, et/ou oblique, et/ou vertical vers le haut ou le bas) observé lors des manoeuvres diagnostiques de chaque côté va permettre le plus souvent le diagnostic de localisation des canalolithiases et ainsi le praticien pourra proposer la réalisation de manoeuvres dites « libératoires » qui permettent de repositionner les cristaux dans leur siège d’origine.

Ces manoeuvres libératoires sont le plus souvent réalisées par l’ORL mais celui-ci les délègue parfois à des kinésithérapeutes spécialisés dans la prise en charge des vertiges (ils pratiquent la rééducation vestibulaire). Ce traitement repose sur des mouvements combinés qui vont permettre aux cristaux en cause de se déplacer dans le canal concerné jusqu’à en sortir. Ces cristaux sont de dimensions variables, de 3,5 à 30 microns et ne vont pas avoir la même sensibilité à la gravité. Les gros cristaux donnent de forts vertiges lors des changements de position de la tête mais se déplacent facilement sous l’action de la gravité et donc les manoeuvres thérapeutiques vont être très efficaces. Les petits cristaux sont peu sensibles à la gravité et vont donner des symptômes plus légers, souvent sous forme d’instabilités. Les manoeuvres thérapeutiques seront moins efficaces et l’apport de la transmission d’énergie cinétique pour favoriser le déplacement de ces particules à l’aide du fauteuil TRV va être décisif.

Les manoeuvres les plus fréquentes sont les manoeuvres de Semont (la plus fréquente en France) et la manœuvre de Epley (manœuvre d’origine Américaine).

La manœuvre de SEMONT

traite le canal postérieur et consiste à basculer vivement un patient depuis la position de Dix Hallpike du côté atteint (qui provoque le vertige) vers le côté sain de manière à terminer le nez « planté » dans le divan avec l’épaule posée sur le côté sain. A ce moment-là un vertige dit « libératoire » se produit souvent, s’accompagnant du même type de nystagmus que celui observé lors de la manœuvre de Dix et Hallpike. Puis le patient est redressé en position verticale après 30 secondes environ et souvent un nouveau vertige se produit, avec très souvent une sensation de tomber en avant dans un gouffre ce qui conduit souvent le patient à se projeter en arrière. A ce moment précis le praticien doit se trouver dans le dos du patient pour prévenir une éventuelle chute.

La manœuvre de EPLEY

traite également le canal postérieur mais elle s’effectue lentement. La position de départ est la même mais la tête est placée en hyper-extension de manière à ce que le menton soit en direction du plafond puis la tête et le corps vont être tournés vers le côté sain jusqu’à ce que le nez du patient soit vers le divan côté sain. A ce moment-là un vertige dit « libératoire » se produit souvent, s’accompagnant du même type de nystagmus que celui observé lors de la manœuvre de Dix et Hallpike. Puis le patient est redressé en position verticale après 30 secondes environ et souvent un nouveau vertige se produit, avec très souvent une sensation de tomber en avant dans un gouffre ce qui conduit souvent le patient à se projeter en arrière. A ce moment précis le praticien doit se trouver dans le dos du patient pour prévenir une éventuelle chute.

La manœuvre de BARBECUE

est la troisième manœuvre la plus communément utilisée. Elle est destinée à traiter le canal latéral et consiste à faire tourner le patient en position horizontale couché sur le dos avec l’oreille supposée celle atteinte posée contre le divan, menton rentré vers le torse, et tourner très lentement par secteur de 30° en direction du côté supposé sain, en à peu près 5 à 10 minutes de temps, jusqu’à ce que le patient ait son front posé sur le divan d’examen.