Le fauteuil

DESCRIPTIF DU MATÉRIEL

Dispositif, destiné à la réalisation de manœuvres diagnostiques et thérapeutiques chez des patients porteurs de vertiges positionnels.

  • Une assise munie de moyens de contention (harnais, arceau de tête et sangle de jambes)
  • Deux axes de rotation vérouillables dans des positions prédéfinies.
  • Un vérin électrique (24 volts) placé sous l’assise du patient permet d’équilibrer ce dernier
    sur son axe de rotation horizontal de manière à assurer une rotation sans effort.
  • Un second vérin permet d’ajuster la hauteur de la têtière et de l‘arceau de tête par
    rapport à la hauteur du tronc.

Ce fauteuil permet de réaliser des rotations du patient dans un plan très proche de celui de chacun des canaux semi-circulaires : 45° du plan sagittal pour les canaux verticaux, sur un axe horizontal, et également en manœuvres de type « barbecue » pour les canaux horizontaux.
Ces manœuvres peuvent être réalisées sur chacun des axes (un seul axe de rotation dans un même temps) sur plus de 360°. Lors des manipulations sur l’axe horizontal, les manœuvres peuvent être stoppées par une butée (façon Semont), à 180° ou 45° plus bas pour augmenter la sensibilité (2 butées escamotables de chaque côté).

DESCRIPTIF TECHNIQUE

  • Verrouillage des positions à 45° : Canal postérieur doit pour le plus en avant
  • Arceau de tête
  • Hauteur réglable par le vérin de têtière
  • Harnais de sécurité 4 points : Ceintures dissimulées pour usage en
    consultations standard
  • Butée escamotable 180°
  • Butée escamotable 225°
  • Sangle de jambes
  • Vérin de régage de hauteur d’assise
  • Verrouillage principal de rotation sur l’axe horizontal
  • Pédale de commande du verrou électro-magnétique de l’axe horizontal

Mécanismes physiothérapiques

CANAL POSTERIEUR

Pour un canal postérieur, le patient est basculé vers l’arrière avec le corps tourné, sur son axe vertical, de 45° vers le côté opposé au côté testé (équivalent d’une manœuvre de Dix et Hallpike). Un nystagmus typique est observé : il est décomposé classiquement en une composante verticale supérieure, une composante horizontale agéotropique et une importante composante rotatoire géotropique. Il est observé généralement avec une latence de 2 à 15 secondes et l’épuisement survient en moins de 30 secondes sauf en cas de cupulolithiase où il est, par définition, inépuisable.
La manœuvre libératoire est réalisée après épuisement du nystagmus ou au-delà de 1 mn en cas de cupulolithiase.

•    Par décélération

Elle consiste en une manœuvre de basculement du patient vers le côté opposé. On part de 45° en dessous de l’horizontale (position de Dix et Hallpike potentialisée permettant d’optimiser la migration des otolithes afin qu’ils parcourent plus de la moitié de la longueur de l’anse canalaire et franchissent le sommet du canal).On arrive de l’autre côté à 45° au-delà de l’horizontale, stoppé par une butée, de manière à créer une décélération finale favorisant la chasse des otolithes vers la crus commune. L’angle de rotation réalisé est ainsi de 270°. Le nystagmus libératoire observé est classiquement de même caractéristique que celui déclenché en manœuvre diagnostique. Il est souvent de nouveau déclenché lors du redressement et parfois très violent, et toujours du même type mais la composante est souvent verticale inférieure en fin d’expression (passage dans la crus commune).

•    Par gravité 

  • Barbecue du canal postérieur:
    Elle consiste en une manœuvre douce. La position diagnostique est la même que celle décrite ci-dessus, et une fois le nystagmus épuisé le mouvement est prolongé dans le même sens très lentement jusqu’à emmener la tête en bas puis on continue la rotation jusqu’à emmener le patient dans la même position que celle obtenue par décélération et le patient est progressivement redressé à la verticale, le tout avec un contrôle permanent du nystagmus afin de vérifier la bonne progression de la migration otolithique vers la crus commune.
  • Manœuvre de Epley ou PRM (particle repositioning maneuver):
    La manœuvre de Epley est débutée dans la même position de « Dix Hallpike » 45° sous le plan horizontal, le fauteuil est verrouillé dans cette position en appuyant sur la pédale de commande de l’électro-aimant . Ensuite le verrou mécanique de l’axe vertical est libéré et le fauteuil est tourné de 180° vers le côté « sain » puis le verrou est de nouveau enclenché et après 30 secondes le fauteuil est redressé en position verticale après avoir libéré l’axe horizontal par une nouvelle pression sur la pédale. Une fois vertical le fauteuil est de nouveau immobilisé par un nouvel appui sur la pédale et le patient est libéré de sa contention.

CANAL ANTERIEUR

Pour le diagnostic d’une canalolithiase du canal antérieur, le patient est manoeuvré de la même manière que pour un canal postérieur controlatéral et la position à 45° sous le plan horizontal permet de potentialiser la migration des otolithes dans ce canal. Le nystagmus sera discrètement tortionnel anti-horaire pour une atteinte antérieure droite (observée en position de Dix Hallpike gauche) et horaire pour un antérieur gauche (en Dix Hallpike droit). Une composante verticale inférieure est associée systématiquement et souvent la seule visualisée. Un canal postérieur droit sera testé en même temps qu’un canal antérieur gauche.  Le traitement d’un canal antérieur sera réalisé en abaissant le patient progressivement vers l’arrière en prolongeant la manœuvre de Dix et Hallpike potentialisée, il sera laissé 30 secondes à la verticale, tête en bas, puis redressé lentement en réalisant un retour à la position initiale en inversant le sens de rotation (contrairement à la manœuvre de libération du canal postérieur par gravité décrite précédemment) avec une pause de 30 secondes à 45° au dessous de l’horizontale puis une nouvelle pause à l’horizontale durant 30 secondes et remise en position verticale tête en haut.

CANAL LATÉRAL

Pour un canal latéral, le patient est mis en position de décubitus dorsal et le nystagmus observé est horizontal et bat du côté opposé au côté atteint, parfois légèrement oblique et l’on peut observer une très légère composante rotatoire selon la position de l’œil dans l’orbite (regard non centré). Le patient peut être basculé de 180° vers l’avant de manière à rechercher une inversion du nystagmus (caractéristique de l’atteinte d’un canal latéral mais inconstante). La manœuvre libératoire sera réalisée par mobilisation de type « barbecue », en rotation vers le côté opposé au côté atteint, de manière à permettre aux otolithes de migrer par sédimentation vers la partie postérieure du canal puis vers la sortie. Une accélération durant la mobilisation permet d’augmenter la possibilité de déplacement des otolithes. Un ou plusieurs tours peuvent être réalisés successivement. En fin de manœuvre le patient est incliné à 45° de rotation vers le côté opposé de manière à favoriser la vidange canalaire, la partie distale du canal traité se trouvant ainsi verticalisée.

Benefices apportés

Encore beaucoup de nos patients présentent des vertiges et instabilités dont le diagnostic est imprécis et dont la prise en charge est par conséquent difficile. L’assistance mécanique apporte une aide considérable, dans la précision diagnostique recherchée et dans le traitement des atteintes canalaires, en se libérant des contraintes physiques habituelles. Ainsi des patients, jusqu’alors impossibles à manœuvrer, peuvent être traités efficacement en toute sécurité tout en ménageant les efforts physiques du praticien opérateur.

EN PRATIQUE CLINIQUE

Les résultats thérapeutiques sont supérieurs à ceux des manœuvres réalisées sur divan d’examen, notamment grâce à l’amplitude importante des manœuvres, et il n’y a quasiment aucune limite à la prise en charge des patients hormis les phobies extrêmes. Notamment les personnes très âgées ou encore des patients présentant un VPPB post-traumatique et une fracture récente (épaule, côte, hanche …) pourront être pris en charge.
D’autre part, des formes de VPPB actuellement méconnues peuvent être traitées, notamment les atteintes de canaux latéraux à minima se traduisant fréquemment par des syndromes ébrieux avec instabilité positionnelle et une gêne à prédominance matinale survenant dès le lever du lit.
La suppression des afférences cervicales par blocage du rachis en monobloc permet en effet la mise en évidence sous VNS de nystagmus très discrets signalant des débris otolithiques de très faible volume et donc très difficiles à mobiliser sous l’effet de leur propre poids.

EN RECHERCHE

La possibilité de mobiliser le patient dans tous les plans de l’espace en se libérant des contraintes physiques et des afférences proprioceptives cervicales permet une étude fine du nystagmus sous VNS. Ces dispositifs permettront sans doute de faire progresser la connaissance des mécanismes physiopathologiques des canalo et cupulolithiases ainsi que la façon de les traiter plus efficacement.