Faire le bon
diagnostic
Vous souffrez de troubles de l’équilibre récents ou anciens et votre médecin, ou vous-même, pensez que ceux-ci peuvent être liés à un dysfonctionnement de l’oreille interne et plus particulièrement des cristaux déplacés.
Avant tout, sachez que les troubles de l’équilibre liés à cette maladie (canalolithiases) sont très variables d’un sujet à l’autre et que pour un même sujet des épisodes de maladie peuvent s’exprimer de manière très différente en fonction du nombre de cristaux déplacés, du nombre de canaux touchés et de la localisation de ces canaux atteints. Le nombre estimé de cristaux qui se déplacent lors de cette maladie pourrait être de l’ordre de 50 000 unités de différentes tailles (il existe environ 1 million de cristaux dans chaque oreille interne). Le diagnostic de canalolithiase (petits cristaux de carbonate de calcium déplacés dans les canaux semi-circulaires de l’oreille interne) est déjà fortement évoqué lors de l’interrogatoire.
Lorsque vous êtes chez l’ORL il va vous interroger sur vos antécédents médicaux et chirurgicaux, vos traitements en cours, et sur l’historique de vos vertiges. Concernant ce dernier, il est capital et va souvent permettre déjà un diagnostic probable de canalolithiase.
La plupart du temps le vertige est violent, déclenché suite à une position ou un mouvement, particulièrement dans le lit pendant la nuit ou le matin au lever. Il peut également survenir dans la journée, notamment lors d’un mouvement lors duquel la tête est mise en hyper-extension (nez vers le ciel) par exemple en cueillant des fruits ou en changeant une ampoule au plafond. La particularité de cette maladie est de se reproduire chaque fois que le mouvement est reproduit ou que la position de la tête est de nouveau favorable, par contre le vertige s’arrête, normalement, au bout de maximum 30 secondes si la tête reste immobile. Le type de vertige ressenti dépend du ou des canaux atteints. Il existe 3 canaux semi-circulaires (en forme de C) de chaque côté, 2 verticaux et 1 horizontal. S’il s’agit d’un canal dont le plan est vertical (canal postérieur et canal antérieur), la sensation de déplacement va être plutôt d’avant en arrière ou d’arrière en avant, avec notamment la sensation de tomber dans un puit sans fond en s’allongeant dans le lit, ou l’impression d’être projeté vers l’avant en se levant du lit, ce qui conduit généralement le patient à se projeter en arrière sur le lit par peur de tomber en avant. Si l’atteinte est au niveau d’un canal horizontal (aussi appelé canal latéral), il existe une sensation de rotation dans le plan horizontal. Vous avez l’impression de tourner, et pas de tomber. Cette sensation se produit souvent dans le lit en tournant d’un côté ou de l’autre du lit, mais en général avec un côté qui donne plus de vertige. L’atteinte du canal latéral s’accompagne également d’un inconfort plus ou moins marqué lorsque vous regardez vers le haut, vers le bas ou lorsque vous tournez la tête pour regarder à gauche ou à droite.
Ce vertige, appelé vertige positionnel paroxystique bénin (VPPB), va naturellement s’estomper en quelques jours pour souvent ne laisser place plus qu’à une instabilité et un inconfort lors des mouvements de la tête. Ceci est lié au fait que les plus gros cristaux (les cristaux font de 5 à 30 microns de diamètre) sont les plus sensibles à la gravité et vont plus facilement avoir l’occasion de sortir du canal lors des mouvements réalisés spontanément durant la nuit ou le jour. Ce sont aussi ces plus gros cristaux qui sont responsables des symptômes les plus importants. Il est donc logique, dans cette hypothèse, que les signes de la maladie diminuent. Ces vertiges positionnels sont souvent plus marqués le matin et ont tendances à diminuer au cours de la journée. Ceci est dû au fait que pendant la nuit, la tête étant immobile pendant de longs moments, les cristaux vont avoir l’opportunité de sédimenter vers le point le plus bas du canal et ainsi de se regrouper. Les cristaux ainsi regroupés vont avoir un effet de nocivité beaucoup plus important sur le canal semi-circulaire concerné durant les mouvements de la tête (l’union fait la force !), puis lorsque vous allez faire plusieurs mouvements, petit à petit, les cristaux vont se disperser au sein du canal et les symptômes seront moins désagréables…pour réapparaitre, malheureusement, le lendemain matin, à votre grand désespoir.
Les vertiges positionnels ne sont pas les seuls symptômes retrouvés dans les canalolithiases. Très fréquemment le patient ne ressent qu’une instabilité avec une sensation d’ébriété. Parfois la maladie ne s’accompagne que de nausées matinales qui s’estompent dans la matinée, ou encore de sensation de troubles visuels alors que l’ophtalmologiste ne retrouvera aucune anomalie de votre acuité visuelle. Certains patients vont présenter des cinétoses (mal des transports, mal de mer, mal blanc au ski lorsque le temps est brumeux) alors qu’auparavant ils n’étaient pas gênés…avec très souvent une gêne dans les virages ou lors du freinage en voiture. Ces formes à minima seraient liées à des déplacement de cristaux moins important ou alors de cristaux plus petits, de l’ordre de 5 à 10 microns.
Si vous présentez des symptômes décris ci-dessus il est possible que vous soyez atteint de canalolithiases. Ceci justifie que vous ayez une consultation avec un ORL qui s’occupe de prendre en charge les vertiges (la plupart des ORL).
Le diagnostic est réalisé en observant un mouvement réflexe au niveau des yeux (nystagmus) avec l’aide d’un masque permettant l’examen des yeux dans l’obscurité sous camera avec éclairage infrarouge (vidéonystagmoscopie) visualisé idéalement sur un grand écran. Il est alors réalisé sur le patient des manœuvres diagnostiques (manœuvres de Dix et Hallpike principalement) consistant à essayer de provoquer le vertige en plaçant la tête du patient dans différentes positions et en analysant le nystagmus qui accompagne la sensation de vertige alors déclenchée. Le nystagmus va permettre de localiser les cristaux déplacés grâce à la forme du mouvement que vont faire les yeux.